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Question

Bsr! j'arrive vraiment vraiment pas à faire une analyse sur cet extrait du livre "réparer les vivants" svp aidez moi c'est au moins un trentaine de ligne..

Merci d'avance ^^


"Faut penser au vivant, dit-il souvent, mastiquant le bout d'une petite allumette, faut penser à ceux qui restent."

1 Réponse

  • Réponse :

    Explications :

    Dès après la mort de Simon Limbres, c'est Thomas Rémige, l’infirmier coordonnateur dans la chaîne clinique des dons et  greffes d'organes qui  parle. Il cite une réplique tirée de Platanov dont un très bref extrait l'avait fait tressaillir au point de le transformer. Il avait reçu en plein cœur cet impérieux devoir qu'il retient et redit comme un dogme : « Faut penser aux vivants, [...] faut penser à ceux qui restent ».  

    Cette citation d'une grande profondeur d'âme est reprise à dessein par Maylis de Kerangal pour nous décrire en forme de contre-point les ressentis à la fois singuliers et communs de tous les personnages de son roman.

    La problématique vient opposer la mort  de l'un à la réparation par la greffe d'organe des maux incurable de tout les receveurs sont elle ne cite que que Claire Méjean, dépositaire du cœur de Simon.

    En même temps, elle va aussi opposer les proches du mort qui vont devoir affronter le corollaire du don d'organes comme un éparpillement de leur défunt, en forme de seconde mort ; et la vie de Claire, de ses proches et plus généralement de tous les bénéficiaires inconnus qui vont aussi devenir les dépositaires, comme autant d'urnes mortuaires, des organes réparateurs de Simon qui par sa mort devient sans l'avoir autorisé, donneurs de vie.

    Si l'auteure oppose les sentiments de tous les acteurs de la scène elle n'en fait jamais une confrontation, laissant au lecteur le soin de prendre position, lui seul favec à sa conscience quant à l'attitude qu'il aurait, confronté à une situation aussi extrême.

    La citation nous dit qu'il faut penser aux vivants (...) et à ceux qui restent.

    Cette affirmation peut sembler au prime abord comme un dogme automatique dans un environnement clinique où médecins et chirurgiens apparaissent sous la forme de gardiens de la vie ou tout du moins de son prolongement. Dans le milieu du don d'organe et des greffes, les chirurgiens sont appelés 'les plombiers' comme s'ils oeuvraient à de simples réparations mécaniques, dénués de tout ressenti.

    Il n'en est rien. Le roman nous enseigne que dans ces services de l'urgence extrême où tout confine à la mort, l'empathie domine dans tous les coeurs et les esprits.

    Mais le roman nous amène bien au delà de cette appréciation, de façon très subtile, par un moyen narratif profondément poétique bien que très direct et sans emphase.

    Nous sommes en effet amenés à considérer que cette affirmation vaut autant pour les proches du morts que pour les proches des receveurs par lui réparés. On entend souvent les proches d'un donneur d'organe que leur disparu vit dans le corps animés des receveurs qu'il aura sauvés et par là même, il peuvent trouver comme une sorte de prolongement de la vie qu'il auront permis, contre leur gré et au prix d'une souffrance terrible.

    De même les receveurs se réjouissent de la 'réparation' clinique de leur état qui les conduisaient à une mort annoncée, mais ils prennent aussi souvent conscience d'être devenus comme les urnes vivantes d'une partie du mort qui leur a redonnée une partie de sa vie.

    Les premiers considère la mort avec le don de vie comme corollaire réparateur ; les autres considèrent la vie 'réparée' par la grâce de la greffe d'une partie du corps d'un mort comme un fardeau de mort, comme une port partielle. Pour eux la mort est donc devenue vecteur de vie.

    Au total, que ce soit du côté donneur que du côté receveur, la conscience intime liée au don d'organe participe de l'empathie pour les uns et la conscience d'avoir été des participant actifs et salvateurs pour les autres.

    Mais la conscience intime des receveurs et leurs proches est d'avoir conscience de vivre par l'arrachement de la vie à un être humain, fût-il mort, et cette vie d'apparente à un contre balancement entre la vie, et la vie par la mort, qui nécessite que les receveurs, restaurés, soient accompagnés psychologiquement tout autant que les proche du mort qui doivent être rassurés quant à l'utilité de l'éparpillement des organes de leur mort.

    C'est bien ainsi qu'il faut penser à ceux qui restent, frappés à jamais du sceau des oeuvres qu'ils auront porduites à l'insu de leur propre volonté.

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